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Connaissez-vous l’histoire du pont de la Gabarre ? Ce pont traversant la Rivière Salée et permettant de relier les communes des Abymes sur Grande-Terre à Baie-Mahault sur Basse-Terre. Saviez-vous que ce pont n’était pas aussi moderne que maintenant ? Remontons dans le temps et découvrons l’histoire de ce pont emblématique de Guadeloupe.

 

 

Pont de la Gabarre au 18e siècleBienvenue en 1765, nous sommes en plein esclavage. Pierre Gédéon de Novilos succédait à Édouard de Copley, le 20 Mars 1765, comme gouverneur de l’île. À cette époque, les colons cherchaient un moyen pour enjamber avec leurs chevaux et autres cargaisons, la mer salée d’une dizaine de kilomètres composée de mangrove et réunissant l’océan Atlantique à la mer des Caraïbe : Rivière Salée. Un bras d’eau problématique qui provoqua la naissance de la « Gabarre », embarcation pouvant contenir jusqu’à 8 chevaux et 15 passagers. Cette innovation de l’époque ne pouvait fonctionner qu’avec la force des hommes (des esclaves soyons précis) et d’un long câble pour le déplacement. En effet, la puissance des bras permettait à l’embarcation d’avancer. Une nouveauté bien cruelle, quand l’on sait que ce système a subit de nombreux naufrages ayant entrainé la mort (3 naufrages pour être exact).

En 1806, voyant le disfonctionnement de l’embarcation, celle-ci a été remplacée par le pont de l’Union.

Plus moderne que la première version, le pont de l’Union était fait de bois porté par des bidons flottants. Le drôle de bruit causé par le passage des voitures et carrioles sur les planches de bois, lui a donné le nom de « pont Domino ». Un succès qui a provoqué une quarantaine d’années plus tard, une réglementation due au décret colonial du 21 Juillet 1842. Mais en 1881, ce droit de péage est supprimé et cela a engendré progressivement la saturation des passages des véhicules. Une triste situation qui amena à l’abandon du pont jusqu’en 1929.

 

 

 

Le renouveau du Pont de la Gabarre.

Louis Douldat1929, le pont est repris en main par l’ingénieur guadeloupéen des ponts et chaussés, Louis Douldat (1896-2003). Concepteur des plans, les ateliers Eiffel se chargèrent de la réalisation.

 

*** Point info – les ateliers Eiffel ont réalisé d’autres infrastructures sur l’île, nous pouvons citer : la maison Zevallos au Moule, le pont d’eau blanche sur la route de Boisvin à Ste Anne, l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, etc.

 

Cette structure métallique de 30 tonnes d’acier dotée d’une seule voie, devint rapidement insuffisante pour accueillir la circulation toujours plus croissante de la Guadeloupe. 1950, une solution fut mise en place avec la création d’un nouveau pont situé à quelques mètres au nord. Nommé également « pont de la Gabarre », cette construction d’environ 228,2 mètres composée de deux voies permettait simultanément le passage des bateaux (actuellement ce pont mobile, n’est plus. Pour des raisons de sécurité, il ne se soulèvera plus, jusqu’à nouvel ordre). Le pont fut rapidement modernisé (1990) et passa à 6 voies…Structure définitive que vous pouvez voir aujourd’hui.

 

*** Point info – il faut savoir que le pont de la Gabarre ne répond pas à la réglementation parasismique actuelle régie par l’EC8-2.

– Qu’est-ce-que l’EC8-2 ? Mise en vigueur le 22 Octobre 2010, c’est un eurocode de normalisation française concernant la conception et le dimensionnement des structures pour leur résistance aux séismes. Pour plus d’infos, cliquez ici !

– Pourquoi cette réglementation n’est pas respectée ? Mise en place tardivement, le pont de la Gabarre ne s’est focalisé que sur les règles PS-69 en vigueur jusqu’en 1996. Celles-ci ne prenaient pas en compte la ductilité des matériaux et la topographie du terrain.

– Comment faire pour régler cela ? Il n’y a pas grand chose à faire, si ce n’est de refaire toute la structure. Un projet bien trop pharaonique. Pour l’instant, des contrôles et renforcements sont mis en oeuvre tous les 10 ans, mais le pont à grandement besoin d’entretien spécialisé.

 

Un « concurrent » bien plus au Nord.

Pont de l'Alliance Le pont de la Gabarre a un petit frère nommé « pont mobile de l’Alliance ». Inauguré en 1997, le pont de l’Alliance est le 2ème pont à relier la Basse-Terre et la Grande-Terre. Ainsi il permet aux habitants de la Jaille à Baie-Mahault de rejoindre le quartier Dothémare aux Abymes. Il dessert également l’aéroport de Guadeloupe.

Entre 4h30 et 5h30, le pont s’ouvre automatiquement, certains jours, ou par demande auprès de la DDE, d’autres jours. Cela permet de faciliter le passage des navires dans les deux sens.

 

Pont de l'Alliance et ouverture pour les bateauxTrès pratique ce pont permet, entre autre, à la route nationale 11 de servir de déviation à la ville de Pointe-à-Pitre. Rappelons-nous des travaux un week-end de Mai 2016 du pont de la Gabarre durant lequel il fut vivement conseillé d’emprunter la route de l’Alliance, pour se déplacer.

 

En 2011, la circulation sur le pont de l’Alliance est estimée à plus de 40 000 véhicules par jour.

 

 

 

 

Et l’ancien pont ?

L’ancien pont de la Gabarre aka « La Passerelle de la Gabarre », est réservé aux piétons et aux cyclistes. En effet, cette structure métallique ne répondant à aucune norme parasismique (la première réglementation date de 1959) ne peut accueillir de véhicule.

 

 

What else ? 

Il faut savoir que le pont de la Gabarre et même son frère, sont des points stratégiques pour les manifestations. En effet, barrez la circulation à ces niveaux et vous bloquez la majorité de l’île. Ainsi, de nombreux mouvements sociaux s’y installèrent avec l’apparition des barrages.

Le dernier en date est celui d’octobre 2017. Les marins-pêcheurs (avec l’UMPG, le Sympa-CFDT et la CGTG Pêche) avaient dressé un barrage sur les ponts de l’Alliance et de la Gabarre, rendant la circulation extrêmement difficile voire impossible de Baie-Mahault à Pointe à Pitre (et inversement). En plus de ces deux barrages, d’autres blocages ont eu lieu en mer et sur terre.

Pourquoi ? Car les marins se sont sentis totalement délaissés après l’impact des ouragans Irma et Maria. Une aide à l’urgence déplorable, pas de fond calamité pêche…Une situation que les 1500 marins de Guadeloupe ont trouvé inacceptable.

Depuis tout est réglé (ou presque) et leur opération coup de poing a porté ses fruits ! Un million d’euros sur les sept millions demandés, leur ont été donné.

 

 

Conclusion

Le pont de la Gabarre est un élément essentiel du paysage guadeloupéen, véritable œuvre historique, il a résisté aux innombrables actions du temps. Actuellement le pont recense plus de 100 000 voitures le traversant chaque jour. 

Nous terminerons cette présentation avec une petite histoire : « L’antillais, le pont de la Gabarre et la lampe ». Bonne lecture !

  

Un antillais est en train de traverser le pont de la Gabarre en Guadeloupe et il trébuche sur une vieille lampe. Il la ramasse, la frotte et un génie en sort. Le génie, lui dit : « tu peux être ravi, je t’accorde un voeu ! »
Le type s’assoit et pense longuement…Au bout d’un moment, il se décide et demande : « J’ai toujours rêvé d’un voyage à Tahiti, malheureusement j’ai peur de l’avion et j’ai le mal de mer. Pouvez-vous me construire un pont
jusqu’à Tahiti, pour que je puisse m’y rendre en voiture ? »

 

Le génie ne dit rien pendant quelques secondes, puis éclate de rire : « c’est impossible ! Pense à ce qu’il faut utiliser pour soutenir un tel pont, pense au béton qu’il faudra faire couler, aux tonnes d’acier…  Je suis un génie, OK, mais je ne peux pas faire de miracle. Il faut tout de même rester dans le domaine du raisonnable ! Non, demande-moi autre chose, c’est trop compliqué ! »

 

Le type se remet à réfléchir. Au bout de quelques minutes il trouve autre chose.

« J’ai été marié et j’ai divorcé 4 fois.  Mes femmes antillaises m’ont toujours dit que je ne m’intéressais pas à elles et que j’étais insensible.  Alors, ce que je voudrais, c’est comprendre ces femmes. Savoir ce qu’elles ressentent, et ce qu’elles pensent lorsqu’elles sont silencieuses…Savoir pourquoi elles pleurent, ce qu’elles veulent vraiment dire lorsqu’elles disent non. Pouvoir les rendre heureuses…Bref, comprendre leur psychologie. »

 

Le génie le regarde, puis demande : 

« Le pont, tu le veux avec 2 ou 4 voies ? »