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Guadeloupe, vivier de l’escrime française ? Nous pensons que oui ! Les nombreux champions du fleuret sont des natifs de « l’île aux belles eaux ». Au fil des années, la liste ne cesse de s’agrandir, rendant toujours un peu plus fière la population guadeloupéenne.

 

L’escrime au fil des siècles… De l’esclavage à aujourd’hui. 

 

Nous sommes en 1545, l’escrime n’est plus un duel judiciaire mais un duel d’honneur. Pratique exclusivement réservée aux nobles, elle permet à la noblesse de défier le pouvoir du roi et de défendre son honneur. De l’autre coté de l’Atlantique, nous découvrons les Antilles. Nous sommes en pleine période de l’esclavage et de son Code Noir.

Entre les injustices et les travaux forcés, le peuple Noir développe l’art de la guerre, à travers des danses et des duels de bâton. Malgré le statut illégal de cet art africain, très présent en Guadeloupe, celui-ci est considéré comme un exutoire permettant aux esclaves de développer des techniques de résistance et de révolte.

 

1745, Joseph Bologne de Saint-George dit le « chevalier de Saint-George », nait dans une sucrerie de Clairefontaine en Guadeloupe. Véritable figure de l’émancipation des esclaves, il est également un grand escrimeur et musicien français. En 1793, le chevalier s’allie au Général Dumas (premier général noir de l’armée française et très bon sabreur), ils mettent en place « le régiment des américains » qui est constitué de métisses et de noirs. Il est d’ailleurs possible de découvrir les exploits du Général Dumas, à travers le roman de son fils (Alexandre Dumas), nommé « George » et paru en 1843.

En 1848, nous sommes en pleine abolition de l’esclavage aux Antilles. Les anciens esclaves retrouvent leurs droits civiques et surtout la possibilité de posséder des armes. Toutefois, les duels ne sont plus d’actualité et l’escrime n’étant pas encore assez démocratisé, n’est réservé qu’à la bourgeoisie française. Il faut attendre la moitié du XXe siècle pour que ce sport soit investi par les Antillais, qui voit en cette activité élitiste, un sport de combat aux raisons historiques (les Noirs se sont toujours battus) et symboliques (les Noirs veulent se battre avec les armes du Blanc). 

Dans les années 80, la ligue d’escrime de Guadeloupe voit le jour. Encore inconnue, cette ligue se sent complexée par les grands noms métropolitains, mais l’arrivée de Gaëtan Guillaume (premier maître d’armes de Guadeloupe) change les choses. L’ancien militaire revient sur ses terres pour y enseigner l’escrime, avec le souhait de placer sur les podiums nationaux et internationaux, ses poulains guadeloupéens.

Un souhait qui a été largement réalisé. Depuis 20 ans, les ultra-marins représentent 30% des effectifs de l’équipe de France et ont remporté 50% des médailles (source Franceculture.fr). Comment cela est-il possible ?

La motivation, l’intérêt et le plaisir des élèves, vis-à-vis du jeu, poussent les entraineurs à fournir le meilleur d’eux-même. Ainsi les maîtres d’armes proposent un enseignement méthodique et font preuve de patience, tout en respectant le développement de la coordination motrice. À l’inverse des enseignants métropolitains qui ont tendance à être trop général et à passer trop vite à l’étape suivante.

 

En conclusion, nous pouvons affirmer que l’excellence des escrimeurs antillais est dûe à l’enseignement apporté par leurs maîtres d’armes, en plus de leur motivation. Cependant, nous ne devons pas oublier que l’esclavage a laissé ses traces, même si le peuple Noir ne s’en rend pas compte actuellement. Au fil des années, nous nous sommes habitués à gagner en résistance et à perfectionner diverses techniques.

 

Aujourd’hui, l’île possède de nombreux clubs tels que :

 

 

Un Centre de Ressource et de Performance Sportive Antilles et Guyane (CREPS), situé aux Abymes, s’intéresse aux sportifs de haut niveau. Il offre, également, des formations professionnelles comme le Master of Busines Administration (MBA) en Management du sport, et permet d’obtenir divers certificats de spécialisation et/ou d’aptitude.

 

 

Il possède également un centre de santé (le centre Jean Plumasseau) ouvert à tous les assurés sociaux.

 

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Dans la deuxième partie de l’article, découvrez les champions guadeloupéens du fleuret et de l’épée :

 

Laura Flessel – née le 6 novembre 1971 à Pointe-à-Pitre

 

Quintuple médaillée olympique, Laura Flessel commence l’escrime à l’âge de cinq ans. Elle progresse très rapidement et se démarque très vite des autres. Elle devient championne de Guadeloupe et enchaîne les exploits :

 

 

 

  • 1990 : elle remporte les championnats panaméricains au fleuret et à l’épée.
  • 1995 : elle termine à la troisième place des championnats du monde de La Haye.
  • 1996 : elle est troisième mondiale des Jeux Olympiques.
  • 1997 : huitième escrimeuse française et première femme à obtenir les titres olympiques et de championne du monde…

 

La liste est bien trop longue, mais ses exploits prouvent son talent. En 2001, elle donne naissance à sa fille Leïlou et retourne très rapidement sur le terrain. Laura Flessel continue à collectionner les médailles et les titres (championnat du monde, Jeux Olympiques, championnat d’Europe, etc.). En 2012, lors des Jeux Olympiques de Londres, Laura est désignée comme le porte-drapeau de l’équipe de France, lors des cérémonies d’ouverture et de clôture.

À 40 ans, la guadeloupéenne surnommée « la guêpe » met fin à sa carrière et restera l’escrimeuse française la plus décorée de l’histoire. La belle s’est également lancée dans la politique et cela lui va bien… Au point qu’en 2017, elle est nommée Ministre des Sports, sous la présidence d’Emmanuel Macron, et est chargée d’organiser les Jeux Olympiques d’été de 2024.

 

 

 

 

Yannick Borel – née le 5 novembre 1988 à Pointe-à-Pitre

 

À l’âge de 10 ans, le jeune Yannick choisit l’escrime comme sport parascolaire. Laura Flessel est une grande inspiration pour lui. À 15 ans, le guadeloupéen est remarqué par le sélectionneur Jérôme Roussat qui lui offre une place au centre national d’entraînement junior de Reims. Malheureusement, les parents du jeune homme refusent et ce n’est qu’après l’obtention de son baccalauréat (2007), qu’il s’envole pour la France métropolitaine.

 

 

 

Etudiant et sportif, Yannick entame des études de physiothérapie (2007) qu’il abandonne en 2009, pour se réorienter vers l’éducation physique à l’INSEP. Durant sa carrière junior, il remporte de nombreuses médailles d’argent et la « Uhlmann-cup » à Laupheim (Allemagne).

 

Sa carrière sénior débute plutôt mal. Il réussit à se qualifier dans l’équipe nationale sénior et collectionne quelques médailles; mais suite aux Jeux Olympiques de 2012, Borel est retiré de l’équipe nationale et connaît deux saisons sèches.

Il revient plus en forme que jamais, lors de la saison 2014-2015, et remporte une médaille d’argent à la coupe du monde d’Heidenheim.

Lors des Jeux Olympiques de 2016, il obtient une médaille d’or par équipe (il compte dans son équipe Daniel Jérent) et remporte de nouveau l’or, lors des championnats d’Europe d’escrime en 2016 et 2017.

 

Yannick Borel est nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 2016.

 

  

 

Daniel Jérent né le 4 juin 1991 à Saint-Claude

 

Spécialiste de l’épée, Daniel Jérent pratique l’art de l’escrime depuis l’âge de 12 ans. Véritablement doué en la matière, il rejoint rapidement le centre des jeunes escrimeurs prometteurs à Reims.

 

 

 

 

Le jeune homme devient champion d’Europe cadet en 2008, puis champion de France junior en 2010 et 2011. Il débute sa carrière dans la catégorie sénior à partir de la saison 2009-2010. La saison suivante, il est transféré à l’INSEP.

En 2012, Jérent remporte le championnat de France par équipe. Lors de la saison 2013-2014, l’escrimeur remporte la coupe du monde de Paris.

Par la suite, il enchaine les titres et les médailles avant d’obtenir l’ultime consécration de son début de carrière : la médaille d’or en épée par équipe, aux Jeux Olympiques de Rio (2016). Cette même année, il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur (1er décembre 2016).

 

 

 

 

Enzo Lefort – né le 29 septembre 1991 à Cayenne

 

Né en Guyane, le jeune Enzo déménage en Guadeloupe à l’âge de 3 ans. À 5 ans, il se passionne pour l’escrime. Comme il le dit : « Moi, j’ai commencé l’escrime en regardant Laura Flessel gagner les Jeux à Atlanta en 1996 ! » (Source : La1ere.fr)

 

 

 

 

Enzo Lefort est un amoureux du fleuret et progresse très rapidement. Plusieurs fois champion de Guadeloupe, il part dans l’hexagone au pôle espoir de Châtenay-Malabry, avant d’intégrer l’INSEP en 2010. Cette même année il devient champion de France individuel junior et rafle de nouveau le titre en 2011. Comme ses collègues guadeloupéens, il enchaine les titres :

 

  • 2013 : il est troisième au championnat du monde de Budapest par équipe.
  • 2014 : il est classé deuxième au championnat du monde et premier au championnat du monde par équipe.
  • 2015 : il est troisième de la coupe du monde de Tokyo et de Paris.
  • 2016 : il est médaillé d’argent au fleuret, aux Jeux Olympiques de Rio.

Le jeune homme fait parti de l’armée de l’air au sein du bataillon de Joinville. En 2016, il est nommé chevalier de l’ordre national du Mérite.

 

 

 

Ysaora Thibus – né le 22 août 1991 aux Abymes

 

À 17 ans, elle quitte la Guadeloupe pour le « pôle espoir escrime féminine » d’Aix-en-Provence. Jeune femme ayant la tête sur les épaules, Ysaora souhaite réussir dans le sport et les études.

 

« L’école a toujours été aussi importante que mon sport. C’est à Paris que je voulais commencer mes études supérieures. »

 

 

Elle s’inscrit en double licence de droit et d’économie à la Sorbonne. N’arrivant pas à concilier le sport et les études, elle décide d’arrêter le droit et obtient sa licence d’économie. En 2013, elle rentre à l’école supérieure de commerce de Paris (ESCP) et bénéficie d’un emploi du temps aménagé. Cette même année, elle obtient une médaille d’argent aux championnats du monde par équipe (Budapest) et reçoit le prix Bernard Destremau de l’Académie des sciences morales et politiques (ce prix récompense les sportifs de haut niveau menant avec brio études supérieures et compétition).

 

La belle collectionne les médailles de bronze et d’argent dans les championnats d’Europe et du monde. Aux championnats de France, elle enchaine les médailles d’or depuis 2011.

En 2015, la sportive s’inscrit en master de management. Un an plus tard, elle se qualifie pour les Jeux Olympiques de Rio et décroche une médaille de bronze par équipe.

Petite anecdote : Ysaora a été aidé par sa fédération et ses sponsors pour sa préparation aux Jeux Olympiques de Rio. Elle a également ouvert une plateforme de financement participatif sur Sponsorise.me.

 

 

 

Coraline Vitalis – né le 09 mai 1995 au Gosier

 

Agée de 22 ans, la belle Coraline s’est passionnée pour l’escrime à l’âge de 7 ans. En 2013, elle intègre l’INSEP.

 

Pour son jeune âge, la belle a un parcours exceptionnel comme le souligne Steeve Pajaniandy (maitre d’armes du cercle d’escrime du chevalier Saint-Georges du Gosier et du Pôle Espoir), dans le France-Antilles Guadeloupe. Elle est la première fille, en étant licenciée en Guadeloupe, à recevoir une médaille aux championnats d’Europe (niveau cadet), en 2011. Et la première escrimeuse guadeloupéenne à être sacrée championne du monde junior individuelle d’épée en 2015 à Tachkent. Elle obtient également le titre de championne de France à l’épée individuelle, la même année.

 

En 2017, elle remporte la médaille d’or en épée par équipes aux championnats d’Europe d’escrime à Tbilissi.

 

 

 

Anita Blaze – né le 29 octobre 1991 aux Abymes

 

Passionnée d’escrime depuis l’âge de 4 ans, Anita a rapidement intégré le centre des athlètes prometteurs en France métropolitaine. Elle remporte sa première médaille d’argent par équipe, en 2008, lors des championnats d’Europe de cadets; et sa première médaille d’argent individuelle aux championnats du monde junior à Bakou, en 2010. Entre 2012 et 2015, l’escrimeuse collectionne les titres. Malheureusement, elle devra mettre en stand-by sa carrière, car elle se blesse au dos en septembre 2015. Lors de son passage en Guadeloupe, en décembre 2015, la belle se confie au webzine Mediaphore.com :

 

«  Je vais bien sauf que j’ai une blessure au dos depuis le mois de septembre qui m’empêche de m’entraîner donc ça me rend triste mais bon […] j’ai un disque abimé donc, un jour ça va et l’autre jour, un cauchemar […] Le médecin m’a informé du fait que je pourrais être présente pour la 1ère coupe de l’année en janvier 2016, à Gdansk en Pologne. »

 

Finalement en convalescence pendant un an, Anita a du mal à l’accepter. Remplie de doutes et très négative, elle songe à arrêter sa carrière. Heureusement, ses proches et sa très bonne amie Ysaora Thibus réussissent à la motiver.

Le 4 novembre 2016, elle revient sur scène, mais s’incline face à la n°1 mondial Arianna Errigo. Un échec qui l’a fait douter, mais elle finira par ne rien lâcher ! Le 13 janvier, elle obtient la médaille de bronze par équipe (en compagnie d’Ysaora Thibus) à la coupe du monde d’Alger.

 

À 26 ans, Anita est plus que jamais remotivée à retrouver son niveau et refaire parler d’elle.

 

« Je prends cette saison comme une année de transition, mais je dois quand même faire des résultats. Les places sont chères et beaucoup ont fait leurs preuves pendant mon absence. » (Source : France-Antilles Guadeloupe)

 

 

 

Jean-Paul Tony-Helissey – né le 28 Mars 1990 à Pointe-à-Pitre

 

Spécialiste du fleuret, le jeune homme devient champion d’Europe junior individuel et médaillé de bronze junior par équipe en 2007. L’année suivante, il intègre l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et décroche sa licence d’économie, en 2012. Également élève à l’INSEP, Jean-Paul allie sport et études supérieures.

 

Il poursuit son parcours universitaire en s’inscrivant à l’ESCP Europe, pour suivre un Master en management. Son but : « aider les entreprises à venir à maturité ».

 

« J’ai d’ailleurs actuellement quelques pistes, par l’intermédiaire de l’un de mes sponsors qui m’a proposé de devenir ambassadeur d’un programme d’excellence par le sport, pour cette entreprise, afin d’aider des jeunes dans les Antilles, en Guyane, aux Caraïbes… Car je souhaite vraiment que mon action ait du sens, et jouer un vrai rôle auprès des jeunes ! » (Source : Univ-paris1.fr)

 

Professionnellement parlant, l’escrimeur obtient deux médailles de bronze en 2013 et 2015. En 2016, il devient vice-champion olympique par équipe, aux Jeux Olympiques de Rio.

Toujours autant motivé, Jean-Paul dit être en phase de progrès et s’entrainer dure pour être au « top niveau ». Il espère intégrer le Top 10 mondial et recevoir une médaille en individuel sur un championnat d’Europe ou du monde. (Source : Univ-paris1.fr)