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À la découverte de Jean-Philippe Marthély : Chanteur hors pair qui a su gagner ses lettres de noblesse dans l’histoire de la musique antillaise et une place dans le cœur de tous les Antillais. Membre mythique du groupe Kassav’, il est l’un des tauliers du zouk, LE genre musical par excellence des Antilles.

C’est au Robert en Martinique, en 1958 que Jean-Philippe Marthély naquit. Bercé dans son enfance par la Kadans (l’ancêtre du zouk), le Kompa, la Mazurka, la Biguine et le Bèlè, il ne se doutait pas encore qu’il serait l’un de précurseur du Zouk et du Zouk Love, ces styles musicaux endiablant propres aux Antilles.

 

Qui dit Jean-Philippe Marthély dit Kassav’ !

Jean-Philippe Marthély est d’abord connu comme l’un des membres emblématiques du groupe de Zouk, si ce n’est le groupe de Zouk transgénérationnel de tous les temps : Kassav’ !

Il débute sa carrière d’artiste en 1976 et évolue dans différents groupes : Les Sympas, 97.3 ou encore Vibration. Après avoir fait partie de plusieurs groupes, notamment Opération 78, il rejoint en 1981, le groupe Kassav’ : créé par les frères Décimus et Desvarieux, et également composé à l’époque de Freddy Marshall, Jocelyne Béroard et Jean-Claude Naimro. Il est retenu à l’audition alors qu’il ne s’est présenté que pour interpréter les chœurs de son ami Jean-Paul Pognon (vedette du groupe Opération 78). Dorénavant avec eux, deux Martiniquais, aux côtés de trois Guadeloupéens, Kassav’ devient alors un groupe antillais à part entière. Il participe à l’élaboration du 3 ème album Kalkilé du groupe. Trouvant très vite sa place, il s’impose en leader, et participe à la première tournée du groupe en 1982. C’est un triomphe ! Jean-Philippe Marthély, alias Pipo, est sur scène le maître de l’ambiance, il sait divertir le public, l’émouvoir et le faire bouger. La foule lui attribue des solgans comme son fameux « asipipi ! »… Unique en son genre, il transcende la foule avec sa manière de danser, ses jeux de mains, et ses expressions qui sont elles-mêmes reprises ensuite par de nombreux artistes.

Jean-Philippe Marthély enregistre ainsi avec le groupe, deux albums solo produits par Georges Debs : ses titres Ti cok en 1983 et Bel Kreati en 1985 sont de véritables tubes. Avec ce dernier son, il est à l’origine du style le Zouk love, cette version plus lente et sentimentale du Zouk. D’autres titres comme Zamzam, Zioum, Soukay ou Sé dam’boujou s’inscrivent davantage dans une mouvance Carnaval. Tandis que certaines de ses compositions osent sortir des sentiers battus du Zouk classique, tels que An lé monté, Touloulou ou Jijman hatif. D’autres encore laissent transparaître le côté romantique de l’auteur, Sé pa djendjen.

Fidèle en amitié, le chanteur s’entoure principalement de la même équipe de production et de musiciens réguliers pour ses concerts et ses tournées solos. Des choix de cœur qui sauront le mener à la gloire, notamment avec le célèbre chanteur guadeloupéen Patrick Saint Eloi, autre pilier du Zouk love, malheureusement parti trop tôt, décédé des suites d’un cancer à l’âge de 51 ans au Moule en 2010. Avec lui en 1985, après l’arrivée de Patrick dans le groupe, ils créent Bizness, un concept live. En 1993, c’est la consécration, il coproduit le morceau mythique « Si sé taw » aux côtés de Frédéric Caracas qui obtiendra le prix SACEM Martinique du meilleur album de l’année.

Après le succès de Bizness, il se lance dans un nouveau projet « 3Kdjol ». Initialement au nombre de quatre, 3 Ka et de la Djol, le groupe s’agrandit au fil du temps, accueillant dans ses rangs des grands tels que Marius Priam ou Jean-Luc Guanel. En 2015 Leur chanson « Bagail la Bandé » qui traite de la mal bouffe en Martinique fut chaleureusement accueilli par le public martiniquais fit un carton sur l’île.

Si à ses débuts, il était un élément plus discret aux yeux du public métropolitain, face à d’autres membres tels que Jacob Desvarieux ou Jocelyne Béroard, son charisme sur scène n’est plus à prouver. En 2002, Jean-Philippe Marthély lance la bande à Pipo, une tournée de concerts festifs pour divertir petits et grands.

En 2005, le chanteur sort pour la première fois sur le marché français et international, une compilation de ses grands succès en solo. Il ajoute à ce CD best-of « Pipo’l », cinq titres inédits dont le titre Coco bo nini ainsi qu’un trio Ayen pa kon avan, avec la présence d’Esy Kennenga et Wilifried Bedacier.

Jean-Philippe Marthély pourtant très extraverti sur scène, est en privé un homme réservé et timide. Et, c’est également un homme de foi. En effet, la religion est un pan très important de sa vie, ce qu’il confesse à travers la sortie de son album Kouté en 2012. Un artiste altruiste qui sait tendre la main vers les plus démunis et les oubliés de la vie, pendant des années il organise des après-midi dominicales où il fait venir des stars antillaises auprès d’enfants handicapés.

L’année 2016 est une année riche en émotions pour Jean-Philippe Marthély. En effet, le 9 juin dernier, le public avait été touché d’apprendre par le biais du compte facebook de Kassav’, la mort du père du chanteur, un événement douloureux pour celui-ci.

Par ailleurs, cette même année 2016, le chanteur avait été confondu dans une affaire judiciaire. En effet, l’auteur de «How Many Pipo», tube incontestable du Carnaval 2016 en Martinique avait reçu une plainte provenant d’un chauffeur de taxi mécontent de l’exploitation de son image dans le clip. Prenant en charge des touristes anglophones, le chauffeur à l’anglais approximatif leur avait demandé combien ils étaient : so… « How many pipo [= people] ? » cette formulation maladroite aurait donc inspiré le chanteur, d’où l’origine de ce titre.

Quoi qu’on en dise, un répertoire avec une diversité de tubes en tout genre qui font bouger, et une personnalité attachante, tendre et humoristique, c’est là la combinaison parfaite qui propulse Jean-Philippe Marthély au sommet du succès et lui confère de gré sa place parmi les plus hautes et nobles stars de la musique antillaise.